La jeune artiste algérienne Ikram Abderrahim aka Ikorner fait une entrée remarquée dans l’univers audiovisuel avec Sama, son premier clip. Réalisé par Ayoub KCM et produit par Solis Production, le clip mêle minimalisme, esthétisme onirique et influences culturelles locales. Chaque plan, pensé comme un tableau vivant, fait dialoguer l’imaginaire contemporain avec les symboles traditionnels, offrant une expérience visuelle aussi saisissante que la musique qui l’accompagne.
Un huis clos chargé de symbolisme
Né d’un moment de doute, d’un moment de fragilité, ce titre aborde des thématiques profondes : le mysticisme, la spiritualité, le lien d’Ikorner avec Dieu. «J’ai voulu retranscrire une émotion qu’on ne définirait pas forcément comme étant quelque chose de positif », explique-t-elle.
« C’était une période un peu chaotique pour moi, et j’étais aussi en pleine réflexion personnelle. Je cherche depuis un moment à mieux me connaître pour pouvoir exprimer ma vérité dans ma musique. »- Ikorner
Le clip Sama se déroule dans un décor vintage mauresque, un huis clos intimiste qui évoque immédiatement les espaces traditionnels algériens. Cette mise en scène volontairement dépouillée rappelle tour à tour une gaada algérienne, une âmma du Touat ou encore un z’hou du Gourara, tous ces espaces de communion et de partage ancrés dans la culture populaire du pays.
Le réalisateur fait le pari audacieux de la simplicité. Plutôt que de surcharger l’image, il laisse respirer l’émotion portée par la voix d’Ikorner. Cette approche permet de concentrer l’attention sur l’essentiel : la performance artistique et l’intensité émotionnelle du morceau. Derrière cette apparente simplicité se cache un travail de production méticuleux. La direction artistique, assurée par Samia Belhabib, révèle une compréhension fine de l’univers d’Ikorner. Chaque élément visuel semble pensé pour servir le propos artistique de la chanteuse, créant une cohérence parfaite entre l’image et le son.
« Pour moi, chanter dans ma langue, c’était aller vers quelque chose de proche de moi et de ma culture » – Ikorner
Le style au service du message
L’habillage, confié au talentueux styliste Fares Benabdeslam ne participe pas uniquement à l’esthétique générale du clip, il en définit les contours. Les choix vestimentaires s’inscrivent dans cette logique tout en affirmant une identité contemporaine algérienne. Le style devient ainsi un langage visuel qui renforce le message artistique de la chanteuse : rester fidèle à ses racines tout en embrassant la modernité.
Ce qui frappe aussi dans Sama, c’est sa capacité à créer un pont entre différentes temporalités. L’esthétique contemporaine du clip dialogue constamment avec les références traditionnelles algériennes, sans jamais tomber dans le folklore ou la nostalgie facile. Cette approche reflète parfaitement la démarche artistique d’Ikorner «puiser dans son patrimoine culturel pour créer quelque chose de résolument moderne».
Une artiste aux influences Soul
«Quand j’ai compris que je n’aimais pas du tout ce que je faisais à la fac, je me suis tournée vers un parcours alternatif. J’ai commencé à travailler dans les circuits de l’art et c’est là que j’ai compris que c’est ce que j’avais envie de faire», confie-elle
Interrogée sur son choix de chanter en dialecte algérien plutôt qu’en anglais, langue universelle de la soul, Ikorner répond avec une conviction : «En toute honnêteté, je ne pense pas que ça ait été un choix. C’était tout à fait logique pour moi d’aller vers ma langue, d’aller vers quelque chose proche de moi et de ma culture.»
Les influences de l’artiste dessinent un portrait artistique riche et varié. Parmi ces découvertes marquantes, elle cite Djazia Satour : «C’est une femme qui appréhende la musique et le son comme étant une matière à part entière. Elle ne se limite pas à l’instrument classique, mais elle va aller chercher des ambiances, au-delà de ce qu’on entend habituellement.»
Du côté des icônes internationales, Tracy Chapman occupe une place particulière. Mais c’est avec Samira Brahmia que la connexion est la plus profonde. Cette artiste algérienne qu’elle écoutait durant son adolescence est devenue «comme une grande sœur». « J’ai eu la chance d’être montée sur scène avec elle et de m’être beaucoup rapprochée d’elle. Elle continue vraiment à m’épauler.»
