Le cinéma algérien actuel vit une période d'effervescence créative portée par une nouvelle génération de cinéastes audacieux qui brillent sur la scène internationale. Leurs récits poignants et leurs regards singuliers explorent les thèmes universels de l'identité, de la mémoire et de l'exil, tout en puisant dans la richesse de leur histoire et de leur culture.
Hadjer Sebata
Diplômée de l'ISIC (Institut Supérieur de l'Information et de la Communication),Hadjer Sebata est une réalisatrice et productrice algérienne reconnue. Elle a fondé et dirige Cam'Art Films depuis 2018, une société de production audiovisuelle et cinématographique. Son court métrage "Tayara Safra" (L'avion jaune) vient de remporter le Grand Prix Fiction Court et Moyen Métrage au Festival Vues d'Afrique (2025), soulignant son talent et sa vision artistique.
Au cours de sa carrière, elle a occupé divers postes clés dans l'industrie audiovisuelle, en tant que directrice artistique, scénariste et directrice de production et de la programmation. Elle a également collaboré à l'organisation de festivals de cinéma, comme le Festival International du Film Arabe d'Oran.

Chakib Taleb Bendiab
Avec son thriller percutant 196 Mètres – Algiers, sorti en 2024, Chakib Taleb Bendiab s’impose rapidement comme l’une des figures montantes du cinéma algérien. Salué par la critique et primé au Festival international du film de Rhode Island (2024), le film nous plonge dans une enquête haletante au cœur de la capitale. C’est l’histoire de Dounia, psychiatre, et Sami, inspecteur de police qui collaborent pour élucider l'enlèvement d’une petite fille.
Porté par une distribution remarquable : Meriem Medjkane, Nabil Asli, Hichem Mesbah et Ali Namous, 196 Mètres – Algiers témoigne tant d’une maîtrise de la mise en scène que de la sensibilité artistique de son auteur.
Jeune cinéaste, Chakib Taleb Bendiab ouvre une page prometteuse pour le 7e art algérien et confirme sa place parmi les talents les plus prometteurs du cinéma algérien contemporain. Un réalisateur à suivre de près qui pourrait bien s’imposer comme la révélation de l’année, voire, pourquoi pas, le Kurosawa algérien de demain.

Imene Ayadi
Jeune réalisatrice, Imene Ayadi s’est d’abord forgé une solide expérience en tant que scénariste, assistante réalisatrice et directrice de casting, avant de passer derrière la caméra.
Après Le Vieux Kalb el Louz (2019), son deuxième court-métrage, Nya a été présenté aux Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB). Il a reçu la Mention spéciale du jury jeune au Festival Tous Courts d'Aix-en-Provence (FTC 2024) ainsi que le prix du jury - section court métrage de la 40e édition du Festival du film méditerranéen d'Alexandrie. Le film raconte l’histoire d’Anya (Melissa Benyahia), une enfant qui attend le retour de son père, inconsciente du drame national qui secoue l’Algérie. Nous sommes à Alger, le 22 mars 1994, à l’aube du printemps mais le pays, lui, sombre dans l’horreur.

Karim Moussaoui
Karim Moussaoui fait partie de cette génération de cinéastes algériens qui redessinent les contours d’un récit national fragmenté, en mettant en lumière les expériences individuelles. Il signe ses premiers courts-métrages au début des années 2000 : Petit déjeuner (2003), suivi de Noir sur blanc (2005) et Ce qu’on doit faire (2006), esquissant déjà les tensions entre mémoire individuelle et histoire collective. Avec Les Jours d’avant (2013), nommé aux César, il capte les frémissements d’une jeunesse prise entre deux silences. En 2017, En attendant les hirondelles, son premier long-métrage présenté à Cannes (Un Certain Regard), le révèle au public international. En 2020, il réalise Les Divas du Taguerabt, un docu-fiction qui explore le patrimoine musical immatériel du Gourara. Il revient, en 2024, avec L’Effacement, une adaptation du roman éponyme de Samir Toumi publié chez Barzakh en 2016. Sélectionné au Festival francophone d’Angoulême (2024), il confirme la force tranquille de son regard : un cinéma de l’écoute, de l’ellipse et du non-dit où l’Algérie s’écrit entre les lignes.

Abdenour Zahzah
Né à Blida en 1973, Abdenour Zahzah est un cinéaste algérien dont l’œuvre interroge les mémoires individuelles et collectives. Diplômé de l’Université d’Alger en audiovisuel (1997), il dirige la cinémathèque de Blida pendant cinq ans avant de se consacrer à la réalisation.
Il signe son premier long-métrage documentaire en 2002, Frantz Fanon : mémoire d’asile, tourné à l’hôpital de Blida-Joinville. Suivi de Sous le soleil, le plomb (2005) et de Le Non-faire et Maurice Pons, écrivain de l’étrange (2007). En 2010, il passe à la fiction avec Garagouz (Marionnettes). El Oued, El Oued (The River), sorti en 2013, explore les liens entre nature et mémoire, puis avec le documentaire Pierre Clément, Cinéma & Révolution (2023), il poursuit sa réflexion sur les figures engagées. Il revient à Fanon avec un film de fiction, dont le nom complet est Fanon: Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’hôpital psychiatrique Blida-Joinville, centré sur les années où le Dr Fanon dirigeait la cinquième division (1953-1956), dans l’Algérie coloniale. Une œuvre charnière, entre histoire et création, bouclant ainsi un projet qui lui tient à cœur et offrant une nouvelle perspective sur la vie de l'activiste martiniquais. L’auteur de Peau noire, masques blancs, parti avant de voir son Algérie indépendante.
Le film sera projeté en avant-première le mercredi 23 avril 2025 au Mucem à Marseille dans le cadre de la 12è édition du festival Aflam - Cinémas des mondes arabes.
