Figure emblématique du folklore algérien, Baba Salem animait autrefois les rues populaires de nombreuses villes à travers le pays avec ses rythmes effrénés et ses danses captivantes. Véritable héritage ancestral, il symbolisait la fête et la transmission culturelle, avant de se faire de plus en plus rare dans le paysage urbain.
Les anciens de plusieurs villes algériennes se souviennent encore de Baba Salem, ce danseur envoûtant qui, accompagné de sa troupe, parcourait les rues des quartiers populaires lors des fêtes religieuses. Son passage était un événement : portes et fenêtres s’ouvraient, enfants et adultes accouraient, fascinés par ses mouvements rythmés et la puissance des tambours.
Cette tradition, rattachée au Karkabou et à la Trans-music nord-africaine, plonge ses racines dans un passé lointain, mêlant influences sahariennes et subsahariennes. Les artistes, souvent vêtus de tenues mêlant modernité et héritage saharien, entonnaient des chants répétitifs au son des castagnettes en fer et des percussions, créant une transe collective.
Un spectacle envoûtant et une danse effrénée
La performance de Baba Salem se déroulait toujours selon un rituel bien précis. D’abord lent et solennel, le danseur entamait ses pas en levant chaque pied lourdement, avant d’accélérer progressivement. Peu à peu, le rythme s’intensifiait, les bonds et rotations devenaient frénétiques, accompagnés du battement des tambours et du tintement des castagnettes.
Jusqu’à l’épuisement, le danseur poursuivait cette cadence effrénée, offrant un spectacle hypnotique à son public. Les spectateurs, émerveillés, lançaient des pièces en signe de gratitude, ajoutant à l’ambiance mystique de cette tradition.
Une tradition qui se perd au fil du temps
Aujourd’hui, Baba Salem se fait de plus en plus rare dans les rues algériennes, ne laissant derrière lui que des souvenirs nostalgiques. Certains rattachent son origine aux peuples d’Afrique de l’Ouest, comme les Haoussa, Bambara ou Bornou, influençant les folklores algérien et tunisien sous l’appellation de Boussadia (بوسعدية).
Si son héritage perdure dans la mémoire collective, sa présence physique a disparu, emportant avec elle un pan du patrimoine festif des rues d’Alger. Un symbole oral et musical qui attend d’être ravivé, pourquoi pas avec les groupes de Gnawa si populaires en Algérie et dans le monde ?