Les danses algériennes sont l'âme vivante de nos traditions, un langage du corps transmis au fil des générations. Qu'elles surgissent spontanément lors de fêtes familiales ou qu'elles s'épanouissent dans des rituels codifiés, elles racontent l'histoire des peuples et des territoires. Chaque mouvement, chaque rythme porte en lui une mémoire collective, façonnée par le temps. Mais, dans un monde en perpétuel changement, comment préserver ces expressions uniques sans les figer ? Aujourd'hui, chercheurs, danseurs et passionnés œuvrent à documenter et transmettre cet héritage, entre enracinement et renouveau.

Barzana (Adrar – In Salah – Timimoun)
La Barzana est une danse traditionnelle du Grand Touat, région du Sud algérien, principalement exécutée par les hommes. Les danseurs avancent par petits pas, maniant des cannes ou, autrefois, des épées qu'ils lèvent vers le ciel avant de les abaisser au sol, tout en chantant en rythme avec une synchronisation impeccable. Dans sa variante féminine, des palmes tressées remplacent les cannes. Historiquement, cette danse célébrait le retour des hommes après les combats. Aujourd'hui, elle est principalement pratiquée dans les cours des maisons lors de célébrations telles que le retour des pèlerins de La Mecque, les fêtes de l'Achoura ou encore les Ziarat, cérémonies religieuses en hommage aux saints et saintes patrons des oasis du Sud-Ouest algérien.
Trig al-Khil : une danse des Aurès qui rend hommage à la Fantasia
Dans les Aurès, au pays chaoui, la danse Trig al-Khil (Parcours de la jument) est l'une des danses les plus vivantes et populaires, où la grâce et la puissance se mélangent harmonieusement. Réservée aux femmes, elle reproduit avec finesse les allures d'un cheval ou d'une jument guidée par un cavalier expérimenté. Accompagnée par les sons de la gasba (flûte en roseau) et du bendir (percussion), cette danse symbolise la symbiose entre l'homme et l'animal. Elle constitue un écho direct à la Fantasia, une pratique équestre guerrière amazighe attestée dans toute l’Afrique du Nord.
El Çaff : l’union des pas en Oranie
Originaire des Hauts plateaux de l’Oranie, une région steppique où la vie était rythmée par les traditions des communautés semi-nomades, El Çaff est bien plus qu’une simple danse : c’est un rituel de cohésion. Deux groupes, disposés en rangs parallèles, avancent et reculent à petits pas au son du guellal. Durant la guerre d’indépendance de l’Algérie, El Çaff s’est imprégné de ferveur patriotique, résonnant dans les maquis de l’Oranie pour encourager les moudjahidines. Aujourd’hui encore, cette danse festive accompagne les grands événements et les récits chantés lors des waâdat, fêtes en l’honneur des saints patrons de l’Oranie. Dans les années 1980, elle a connu une médiatisation grâce au groupe Noujoum Çaff (Les étoiles du Çaff), produit par le visionnaire Rachid Baba Ahmed.
Zendali : l’ondulation citadine du Constantinois
Parmi les danses citadines aux rythmes plus tempérés, révélant une préciosité et un puritanisme savamment entretenus, nous avons le « Zendali », une danse originaire de Constantine. Elle se caractérise par un rythme d'abord lent, qui s'accélère progressivement avant de retomber, créant ainsi une dynamique ondoyante. Traditionnellement, le Zendali accompagnait les orchestres féminins du Constantinois, tels que les fqirat et les banutat, en s'appuyant sur des instruments à percussion comme le bendir et le târ. Sa gestuelle raffinée avec des mouvements fluides et gracieux rappelle celle de la danse du foulard algérois. La danse du zendali à l'instar de nombreuses danses de la région, est peu documentée sur les danses du Constantinois, hormis les travaux de Maya Saïdani, « Chants féminins pour un rituel thérapeutique dans le Constantinois »
Naïli-Saâdaoui : la danse des Ouled Naïl
Le Naïli-Saâdaoui est une danse traditionnelle mixte des régions du Sud-Est de l’Algérie, principalement chez les Ouled Naïl du Djebel Amour. Cette danse est marquée par une alternance de mouvements ascendants et descendants, créant un effet rythmique particulier. La tête, légèrement inclinée vers la droite, accompagne chaque geste. Les bras restent proches de la poitrine, les mains tendues vers l’avant, s’adaptant aux variations musicales. Issu des traditions nomades des Ouled Naïl, cet art chorégraphique est essentiel lors des célébrations, qu’il s’agisse de mariages, de circoncisions ou d’autres festivités marquant la vie communautaire.